Cameroun : bilan de 40 années de détournements de fonds en toute impunité

Article : Cameroun :  bilan de 40 années de détournements de fonds en toute impunité
Crédit: Pixabay
21 janvier 2023

Cameroun : bilan de 40 années de détournements de fonds en toute impunité

Bienvenue au Cameroun ! Bienvenue dans mon pays. Je t’invite dans l’antre de tous les maux sociaux : du vol à ciel ouvert, de la corruption, des dessous de tables, des détournements chroniques des fonds publics et de l’appauvrissement inhumain des populations par une minorité d’individus sanguinaires et sectaires. Le mal devient si profond au point où mon silence serait complice et aveu d’échec. Viens avec moi découvrir cette curiosité planétaire qu’est mon pays, pays où on peut en une seule journée devenir milliardaire sans aucune justification.

Argent de la corruption. Crédit : Pixabay

Plus une journée ne passe au Cameroun sans qu’un scandale de détournement ne soit mit au grand jour. Scandales après scandales, tel est le quotidien du citoyen camerounais. Tout débute il y a quarante ans aujourd’hui, après le transfert du pouvoir du feu Président Ahmadou Ahidjo  pour le Président actuellement aux affaires Paul Biya, qui cumule à ce jour 40 années de règne sans partage. Le Président Ahmadou Ahidjo dans son discours de démission dira: « Notre pays dispose d’atouts importants. L’unité nationale consolidée, des ressources nombreuses, variées et complémentaires, une économie en expansion continue, des finances saines, une justice sociale en amélioration, une population laborieuse et une jeunesse dynamique, de solides et fructueuses relations d’amitié et de coopération en Afrique et dans le monde ».

       Quarante années après, toutes les réserves du trésor national se retrouvent dans les poches des particuliers. Une poignée de milliardaires, que dis-je ; de multi milliardaires, car tiens toi tranquille, la fourchette du montant du détournement au Cameroun se chiffre en centaines de milliards par individu en moyenne. Les auteurs de ces actes inhumains et barbares se retrouvent dans les hautes sphères du pouvoir politique à Yaoundé la capitale. Cette minorité, membre du sérail, proche ou pas du pouvoir, se livre à ces pratiques odieuses sans aucun remord au détriment d’une population désespérément appauvrie, qui n’arrive plus à survivre et qui à ce jour fait face à un taux du salaire minimum garanti (SMIG) de 36 270 francs cFA. Misère, souffrance, douleur, mort : tels sont les conditions du Camerounais.

coffre vidé
Coffre vidé. Crédit : Pixabay

Mais qu’est ce qui n’a pas marché ?

Après l’accession à la magistrature suprême du Président Paul Biya en 1982, ce dernier fait face à une tentative de renversement (coup d’état) qui aurait selon certaines sources, contribué à modifier sa ligne de politique intérieure qui au départ mettait le bien-être des populations au dessus de tout. Désormais, il sera exclusivement question de protéger son pouvoir. Plus aucune politique de développement, de sécurisation des acquis ou de soucis du bien-être de la population n’est mis en place. Seule politique à appliquer : la conservation à tous prix du pouvoir, quitte à sacrifier tous les autres aspects de la vie de la nation. Certains disent que c’est ayant constaté cette phobie de la perte de son pouvoir de l’homme fort de Yaoundé, que son entourage l’aura encouragé à se replier sur lui-même, leur laissant ainsi le loisir et le champ libre pour piller de façon boulimique les deniers publics.

Quelques exemples de pilleurs célèbres : Mr Basile Atangana Kouna, Directeur général de la société des eaux camwater, Mr Jean William Sollo Ex Directeur général de la société des eaux camwater, Mr Edgard Alain Mebe Ngo’o, Ancien ministre de la défense, Abah Abah Polycarpe, ancien Ministre des finances, feu Gervais Mendo ze, ancien Directeur de la télévision nationale CRTV, Essimi Menye Lazare aujourd’hui en fuite aux USA, anciens ministre des finances, la liste est exhaustive. Des vives rumeurs courent même sur la découverte des stocks de billets de francs CFA retrouvés dans des domiciles privés ces derniers temps.

Le réveil tardif

Tapi dans sa tour d’ivoire, le capitaine du bateau Cameroun, absent et inconscient de la situation des détournements de ses collaborateurs qui volent à ciel ouvert les biens de la république, n’aura que trop tard un sursaut de réveil. Les caisses sont entièrement vides, le trésor public s’écroule, c’est le break up total. A cet effet, l’opération épervier sera lancée en 2006 avec l’espoir d’appréhender et de recouvrir une partie des fonds détournés. Plusieurs pontes du régime se sont retrouvées appréhendés et incarcérés dans les prisons du Cameroun, les arrestations se sont multipliées et étendues jusque dans les régions du pays. Tout récemment, informé de nouveaux scandales de détournements mis en lumière, le Président Paul Biya est de nouveau monté au créneau à l’occasion de son discours de fin d’année. Il a relancé cette opération, cette fois-ci axée sur la gestion des fonds Covid ainsi que sur la construction des stades de la CAN, qui auront englouti à eux seuls des centaines de milliards et qui ne sont toujours pas livrés à ce jour !

La grande interrogation

Des années après son lancement, aucun bilan n’est fait, aucun rapport ni information susceptible de rassurer les pauvres populations qui croupissent dans la misère.

Combien de francs cfa ont été recouvert ?

Combien de francs cfa ont été injectés dans les projets de développement pour améliorer le quotidien des camerounais ?

Combien de francs cfa restent-ils à recouvrer ?

En attendant, c’est le flou total. Nul ne peut répondre à ces questions, aucun changement n’a été opéré dans le quotidien du camerounais. Entre temps, aucune pause n’est faite, malgré la dissuasion de l’opération épervier, le vol, les détournements poursuivent leur bonhomme de chemin. Plus personne ne recule devant la tentation de plonger la main dans la caisse, de s’enrichir illicitement. La politique du « mapartisme » est en branle, chacun veut sa part, chacun veut puiser avant qu’il n’y ait plus rien à prendre et les montants ne se chiffrent pas en centaines ni en millions mais en milliards de francs cfa !

D’aucun pensent que la solution viendra du changement à la tête des institutions. Pour ma part, je suis persuadé qu’il n’en est rien. La fin des détournements viendra surtout du changement de mentalité, de la réintroduction de la morale et de la notion du patriotisme, de la crainte de la chose publique et enfin de la déclaration des biens ainsi que de la justification de leur acquisition.

Ainsi va mon pays en ce début d’année, pays de corruption, de détournement, et de vol à ciel ouvert.

Cameroun pays des lions indomptables, pays jadis riche et prospère, Afrique en miniature pauvre de toi !

Par Ngpartner

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