Ils ont cambriolé ma cafétéria cette nuit

Article : Ils ont cambriolé ma cafétéria cette nuit
Crédit: Cocoparisienne, Pixabay
25 mars 2023

Ils ont cambriolé ma cafétéria cette nuit

La saison des pluies va de Mars à Octobre dans la Région de l’Ouest du Cameroun. Période favorable aux cambriolages et aux braquages. Cette nuit, j’en ai connu le goût amer. Ils m’ont tout pris ! A qui doit on attribuer la fulgurance de ce phénomène ? Aux populations ou aux autorités étatiques qui ont mieux à faire qu’a prendre en charge la sécurité des citoyens ?

La nuit des malfrats

Cette nuit, à une heure avancée, ces malfrats m’ont rendu visite. Profitant de l’absence d’un veilleur, ils ont fracturé la porte d’entrée ainsi qu’une fenêtre et ont tranquillement mis en œuvre leur basse besogne. Ceci en plein centre urbain où, à toutes les heures, les passants vont et viennent. Pourtant, tout le vacarme produit durant le casse aurait dû alerter le voisinage !

Mon pauvre pays, en plus d’être malade de différents maux, souffre également de l’insécurité. La fréquence des vols et braquages est tellement grande qu’on ne saurait énumérer les cas. Le phénomène en devient même insolite au point où une victime en racontant le déroulé des événements amène involontairement les auditeurs à rire aux éclats !

La porte fracturée au pied de biche. Crédit: Ngpartner

Ni police ni aide

Savez-vous qu’à Douala, une ville d’une capacité de 3,9 Millions d’habitants environ, tous les quartiers ne sont pas dotés de postes de gendarmerie ou de police ? Qu’ici il n’y a aucune patrouille ni de jour ni de nuit ? Savez-vous qu’ici lorsque vous êtes agressés dans votre domicile et que vous arrivez à composer le numéro vert (117) pour crier au secours, les gendarmes ou les policiers vous répondent que leur véhicule de service n’a pas de carburant ? Savez-vous que lorsque vous suppliez de vous venir en aide, les plus empathiques vous suggèrent de négocier avec les agresseurs ? De leur donner ce qu’ils réclament pour épargner votre vie ? Savez-vous que le cas le plus récent est celui du journaliste Martinez Zogo qui a été enlevé devant un commissariat où il avait longtemps cogné au portail en criant au secours ?

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Oh Cameroun ! pays de toutes les curiosités !

En 2005, les cambrioleurs sont entrés dans mon domicile après avoir fracturé la porte d’entrée. Pendant qu’ils essayaient de pénétrer, j’ai appelé ma mère qui à son tour a immédiatement appelé un poste de gendarmerie. Ce n’est que deux heures après le départ des malfrats que ces messieurs se sont pointés pour disaient-ils, récolter les indices ! Amusant non ?

Combien de familles ont perdu un proche à cause de ce comportement des forces de l’ordre ? Combien d’agressions à l’arme blanche ont prospéré du fait de l’arrivée tardive des policiers ?

Une insécurité grandissante

L’insécurité prospère du fait de l’indifférence de l’État, trop occupé à s’enrichir en détournant les fonds publics, à opprimer ceux qui osent dénoncer, à neutraliser ceux qui osent lorgner le pouvoir du président de la République.

Ah République bananière !

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L’insécurité fait son bonhomme de chemin du fait du manque criard d’éclairage public. Savez-vous que les grandes avenues qui mènent aux domiciles des grandes autorités camerounaises n’ont même pas d’éclairage public ? Ces messieurs s’orientent aux phares de leurs véhicules de luxe pour accéder la nuit à leurs domiciles tout aussi paradisiaques. « Ca fait quoi ? », disent-ils ! Tant qu’on s’empiffre de milliards détournés sur le trésor national !

L’insécurité avance à grands pas du fait de la corruption avancée et du phénomène des pots de vins. A peine un malfaiteur est appréhendé et remis aux forces de l’ordre que quelques heures après, pour avoir donné une somme d’argent, il est aussitôt remis en liberté. Le rengorgement des prisons ne facilite pas non plus la tâche, la population carcérale se multipliant par 100 du nombre normal.

Entre temps, nous autres pauvres citoyens, continuons de souffrir, de pleurer, d’implorer le ciel dans l’attente d’une aide qui ne viendra certainement jamais !

Ils ont cambriolé ma cafétéria la nuit dernière. Je n’ai que mes yeux pour pleurer car je sais que dès demain, je retournerai inévitablement au chômage.

Par NGPartner

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